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HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT-JEAN-BERCHMANS


CE TEXTE EST UNE REPRISE D'UNE BROCHURE ÉCRITE
PAR: MICHÈLE LALANDE,
CÉLINE MARION,
PAUL MASSICOTTE ET
ANDRÉ PETIT
AOÛT 1978
(Jacques Baillargeon et Suzanne Dignard ont fait une addition en 1983).
Converti en format web par Dominic Légaré

 

Feuillet #4

LA FONDATION 1908 (suite)

Essayons maintenant d'esquisser le paysage paroissial des années "10": Les rues étaient en terre, il n'y avait que de rares automobiles et les trottoirs étaient faits de planches. Plus précisément on marchait sur deux gros madriers. En ce temps-là les rues n'étaient éclairées que par quelques rares lampadaires situés seulement aux intersections. Ces lampadaires ne comportaient que des pochettes diffusant une lumière vaguement jaunâtre et recouverts d'une assiette d'aluminium ondulée. Il y avait aussi un élevage de chèvres au coin de Rosemont et Louis-Hémon, situé à proximité d'un four à chaux destiné à la construction. Sur la rue Papineau, entre Beaubien et Bellechasse, il y avait des vaches et des chèvres, et certains gardaient des cochons dans leur cour, souvent plusieurs familles se mettaient ensemble et en faisaient un achat collectif. D'autres gardaient des poules dans leur cave. Il était très courant de vivre avec les animaux. Un cas cependant tranche sur les autres; un monsieur de la rue Papineau partageait sa maison avec son cheval!

En général, le paysage qui s'offrait au passant était celui d'un petit village paisible avec ses animaux, ses champs cultivés et surtout, surtout la tranquillité de la vie rurale, mais bénéficiait des avantages de la proximité d'un grand centre urbain. Sans pollution, sans bruit, et sans dérangement extérieur, un voisinage de bon aloi avait cours en ces années bénies de détermination et d'espoir où tout était à construire, où l'on travaillait dans du neuf.

Les Sainte-Marie, à peu près à l'angle de Des Carrières et de Marquette, étaient des cultivateurs. Aujourd'hui, c'est l'incinérateur avec ses tours grises et ses exhalaisons périodiques, qui a remplacé la verdure luxuriante qui bordait ces chemins de terre. Vous souvenez-vous d'être allés cueillir des cerises sur la rue Cartier?

La carrière Martineau, dont M.Parent était le contremaître des tailleurs de pierre, eut une importance marquée dans la formation de notre habitat. Théâtre d'une activité intense, mais aussi de dramatiques accidents, cette carrière n'en restait pas moins fréquentée par les enfants qui l'avaient adoptée comme terrain de jeu. Et pourtant, des chevaux avec la carriole et des gens s'y sont noyés, plus particulièrement des enfants. Un homme fut tué par la mine qu'il installait et qui explosa prématurément. Cette carrière atteignait jusqu'à 140 pieds de profondeur et on y transformait la grosse roche en gravier. Il y avait un bâtiment, une sorte de moulin qui transportait les grosses roches. Durant les années de prospérité, la carrière embaucha jusqu'à 150 employés, la plupart du quartier. Plus tard, lorsque les Martineau abandonnèrent l'entreprise, la municipalité se proposa d'y aménager un parc mais il fallait combler ce véritable gouffre. On y déversait donc les ordures du quartier, pendant vingt ans. Et l'hiver, on y déversait la neige, c'est ainsi qu'à la fonte des neiges, 11 se formait un immense réservoir qui constituait le linceul de plusieurs. Hélas, ce lieu était un endroit idéal pour les escalades et les jeux des enfants.

En ces temps la paroisse recelait déjà une taverne: cette première taverne appartenait à un juif. Elle fut implantée sur la rue Papineau près de Des Carrières. Au tout début de la paroisse, M, Aronoff en était le propriétaire. Inutile de préciser que les curés réprouvaient ces lieux surtout que la clientèle se composait avant tout des paroissiens canadiens-français. Cependant cette taverne était bien tenue, il n'y avait jamais de bagarre.

Signalons qu'il y eut également une autre taverne près de Des Carrières tenue par un monsieur Pigeon. Aussi il fut un des premiers à avoir une automobile. Étant peu accoutumé avec ce nouveau véhicule, il tirait sur son volant et criait "whow, whow" tel qu'il le faisait avec son cheval. L'Hôtel Pigeon était renommé pour les "passe-passe" de chevaux, les maquignonnages, les transactions douteuses, les picouilles. D'ailleurs, à cet hôtel, il arriva un incident fâcheux qu'on esseya d'étouffer. Le plâtrier, après avoir mangé un "quart" de pommes et pris un coup, meurt subitement.

Heureusement notre paroisse se dotera de médecins. M.Tessier s'installe sur la rue Papineau, en face du Boulevard Rosemont en 1914. Ce médecin est natif de Ste-Anne-de la-Pérade. Comme il était d'usage en ces temps mémoraux, le docteur Tessier faisait tout ce qui a rapport aux soins médicaux. Il effectuait les accouchements, les opérations, notamment celle de la gorge et était dentiste. Pour mettre un enfant au monde, il chargeait $5.00 tandis qu'il en coûtait 25 cents pour se faire extraire une dent. Ainsi il mit au monde la plupart des enfants de la paroisse. Il y avait également le docteur Beauregard. Lorsqu'on nécessitait de ses soins, on allait le chercher chez lui car il n'y avait aucun moyen pour communiquer (absence de téléphone). Ce médecin venait à la maison avec sa voiture et son cheval. Il arrivait qu'il avait les souliers pleins de fumier. Ce médecin, en plus de son métier, s'occupait d'une assurance "L'Alliance Nationale". Ainsi les gens allaient régulièrement payer les frais de leur assurance chez ce médecin.

En ce qui concerne le confort de la maison, on se souviendra que les premières baignoires étaient faites de métal.Très loin de ressembler à nos bains d'aujourd'hui, elles prenaient les allures d'une simple tôle mince que l'on pouvait peindre selon le degré d'esthétique de chacun. En raison de l'absence d'eau courante, les toilettes se trouvaient dans la cour, c'était la douteuse époque des "bécasses", de l'anglais backhouse. Il n'y eut pas d'égoûts avant 1915.

Bien avant 1908, il y avait le chauffage au gaz, ainsi que l'éclairage. On devait insérer dans une espèce de parcomètre, une pièce de 25 cents qui nous fournissait l'éclairage et le chauffage pour la soirée. Même avec l'avènement de l'électricité, certains conservèrent leurs anciennes installations au gaz. L'électricité ne 'fit pas son apparition avant 1915. La plupart se chauffait au charbon de bois et se fournissait chez M.Leclerc de la rue Papineau. Les gens lui achetaient environ trois tonnes de charbon par année pour subvenir à leurs besoins. Alors un camion venait le déverser dans les caves. Par la suite, les gens montaient à leur cuisine la quantité nécessaire dans des chaudières.

Le 18 juin 1916, fut une date mémorable pour tous les paroissiens car ils purent assister à la bénédiction de la pierre angulaire de leur église. Le 16 juillet, marquait la fin de la première année d'exercice de la Caisse Populaire. Le rapport du gérant se soldait par un déficit de quarante-trois dollars. Mais on vota $50.00 en guise de rémunération au gérant M.Arthur Pepin.

Fondée depuis déjà huit ans, après avoir vaincu en partie les difficultés inhérentes aux débuts de toute organisation, la paroisse St-Jean-Berchmans a vu se lever pour elle des jours meilleurs. Depuis déjà trois ans, une magnifique école offre aux enfants le confort désirable aux établissements du genre et une communauté enseignante fut sollicitée pour prendre à sa charge les jeunes filles. Les Soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie après une visite à l'Académie Guay, acceptèrent les conditions proposées et le 1l août 1916, huit soeurs furent nommées pour la fondation de la mission nouvelle. En 1916, sept religieuses des Saints-Noms de-Jésus-et-de-Marie ainsi que sept séculières dirigent les classes des filles au nombre de 444. Parmi les pionnières, rappelons les noms de Soeur Marie-Bernardine, Soeur Angèle-Marie, Soeur Marie-Scholastique, Soeur Marie-Vianney et les autres n'ayant pour demeure que les classes situées au quatrième étage de l'école Guay ou elles dormaient sur des lits pliants.

Mentionnons ce si beau témoignage des nouvelles arrivantes dans une lettre datée de Noël 1916: "Nous nous sentons heureuses d'avoir pu assister à la messe de minuit chantée dans la chapelle avoisinant notre école, chapelle qui, par sa pauvreté, ressemble quelque peu à la crèche de Bethléem". Vous est-il possible de ressentir toute la sérénité dont sont empreintes ces quelques lignes?

Le premier juillet 1916 a vu la Commission Scolaire de St-Jean-Berchmans se fondre dans la grande Commission de Montréal. Notre paroisse se trouvait comprise dans le district "est". La plupart des commissions indépendantes sont entrées dans la grande commission avec un certain bagage de difficultés quasi insurmontables. Les Soeurs signalèrent que si on ne pouvait leur fournir un logement convenable il leur faudra "probablement demeurer indéfiniment dans le haut de l'école et ainsi se mettre plus à l'étroit que jamais" car au lieu de huit soeurs comme elles étaient l'an dernier, leur nombre était passé à treize.

Et pour la première fois, le 18 mai 1917, la Caisse Populaire fit l'acquisition du coffre-fort de M. le curé, au montant de $35.00. Ce qui permettait de conserver ici même les économies des paroissiens.

Mais pour la Caisse, les débuts semblaient difficiles. Ainsi on rapporte qu'à l'Assemblée Annuelle du 15 juillet 1918 "au lieu d'avoir salle comble, nous fûmes obligés d'ouvrir la séance non en présence d'une assistance de membres, mais en présence d'une lignée de colonnes fidèles à leur devoir". Etant donné que les affaires de la Caisse demeuraient très restreintes, il fui proposé et adopté que le boni ne serait pas payé pour cette année. M. Pépin fut réélu gérant et son allocation fut portée à $75.00 annuellement. Rappelons quw depuis le 15 janvier 1917, les assemblées avaient lieu au nouveau presbytère situé au 959 du boulevard Rosemont, selon les anciennes adresses.

Avec les agrandissements de l'église, le curé Guay fit la demande le 14 mars 1917, à l'évêque, d'autoriser les Révérends Pères Franciscains à venir installer lé chemin de croix dans le soubassement de l'église, celui qui était autrefois dans la petite chapelle paroissiale. Dans cette ancienne chapelle, on donnait une tombola annuelle (parfois appelée Kermesse.) En ce qui a trait justement à l'ancienne petite chapelle, mentionnons ce témoignage des soeurs:"Ce matin, 17 mars 1917, s'est dite la dernière messe dans la première église ou chapelle de St-Jean-Berchmans. Comme pour faire écho à la tristesse qui naît toujours des adieux, bassins, chaudières, cuves et gobelets placés Ici et là dans les allées, recouvrent les pleurs qui tombent goutte à goutte du vieux toit; c'est qu'un dégel soudain à trouver la couverture en défaut. L'unique cloche mêle aussi sa note lugubre à ce triste concert".

Dès le lendemain, les soeurs nous fournissent une fois de plus leurs impressions: "Nous entrions dans la nouvelle église, c'est-à-dire dans le soubassement, car il n'y a que cette partie de l'édifice qui soit construite. Ici il y a de l'espace, tout est vaste, nous avons un banc de six places marqué à notre nom grâce à la délicate générosité de M.l'abbé J.P.Arthur Guay, notre bon curé". Les confessionnaux se composaient alors de grands feutres verts. Toutefois, l'inauguration officielle ne se fit pas avant le 22 avril 1917. Les soeurs continuaient en nous parlant de la vie scolaire et des moeurs du temps de guerre: "une nouvelle fête unique est la cause du congé d'aujourd'hui (19 novembre 1917). En temps de guerre tout est possible. Donc on a inventé ce qu'on appelle l'Emprunt de la Victoire, et pour célébrer ou inaugurer la trouvaille, on met les professeurs en congé".


...Suite - Feuillet #5


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